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namurA propos de mon travail…

Florence Monfort vient du monde du stylisme et de la scénographie. Pendant ses premières années d’artiste, elle crée et réalise des objets, des installations textiles, des accessoires, des costumes, des pièces prêt-à-porter, seule et en collaboration avec d’autres artistes. Elle touche à tout, tant qu’il y a de la matière à manipuler, des espaces à réinventer, tant qu’il y a rencontre et mouvement. Plus tard, en parallèle avec son propre travail artistique qu’elle continue à développer, elle crée et dirige l’atelier de créations textiles de La S Grand Atelier, atelier d’artiste pour personnes handicapées adultes. Sa relation avec les personnes handicapées avec qui elle travaille, et la découverte de l’art brut ont été un tournant dans sa vie d’artiste. Cette façon d’envisager l’art, à leur contact, a enrichi son travail personnel. C’est pour elle, à ce moment, la découverte du travail spontané, décomplexé, qui la conduit à réfléchir à la notion de perfection et de liberté dans l’acte de création.
Le travail que Florence présente actuellement est riche, coloré, sensible. Jeux de fils, superpositions de fils, entrelacements de fils. Travail de matière, réflexion par rapport à la couleur, à la forme. Mais aussi, travail compulsif, actes répétitifs, boulimiques, à la chaîne, et au final, travail habité, vivant, fin et féminin. Pour Florence, créer est un besoin, une nécessité, et ça se sent. Créer pour se concentrer sur elle, se couper du monde un temps, de sa vie de femme, de mère, du monde professionnel. Créer pour se reconstruire un monde à elle et le partager.

Art et sport

Florence, grande femme dynamique et joyeuse, pleine de ressources, avait hésité, adolescente, sur ce que serait sa vie plus tard, artiste ou sportive. Elle bougeait pas mal, elle jouait au foot, le ballon, elle connaissait. C’est le besoin de créer qui l’a emporté. Mais les liens avec son passé restent. Elle s’interroge sur le lien à faire entre le sport et l’art. Aux points communs à y trouver. Elle jongle avec les sens et les codes, réfléchit à l’aspect ludique, l’aspect performant, la rigueur, le mouvement, l’entraînement, le geste, que l’on retrouve tant dans le sport que dans l’art. Elle s’interroge sur le lien à faire entre le sport et la culture, la culture est-elle un sport, le sport fait-il partie de la culture  ? Et elle nous offre une belle conclusion à sa réflexion, par ses créations.

Le ballon l’intéresse, dans sa forme, comme dans sa fonction. Elle aime l’aspect vestige de l’enfance, la trace du jeu laissé derrière, contre une haie, l’aspect archéologique de l’objet. Le premier travail présenté, ce sont ces ballons dégonflés, on peut les admirer, les ballons crevés, petites pièces assemblées, hexagones ou pentagones de papier cousu. Objets non usuels et poétiques, détournés de leur fonction, qui ainsi déployés évoquent d’autres choses, deviennent presque des parures, rendus précieux par la broderie. Le ballon n’est plus ballon, il devient œuvre.

La seconde partie du travail proposé, ce sont des broderies sur papier. Le sport, toujours, le mouvement, jeux de superpositions de corps. Corps qui dansent, se battent, se mélangent, se fondent, se confondent et se multiplient. C’est toujours la même démarche. Elle créée des ponts, des liens, entre ses amours, ses passions actuelles et passées. Florence coud le recto, avec minutie. Choix des couleurs, du dessin à broder. Et la broderie, comme par magie, sur le verso apparaît différente. Deux lectures à son travail, deux faces, il y a comme un parallèle à faire, entre le visible, le conscient, et la face cachée de la vie, le hasard et les sous-couches.

Et puis, c’est beau, car au-delà de tout sens, et du travail énorme fourni, il y a l’aspect esthétique, une vraie recherche d’équilibre et d’harmonie. Oui, c’est beau. Ca fait du bien à l’œil.

Aurélie William Levaux, juillet 2016